Curriculum, formation, outils, pilotage : Comment mettre en place le bi/plurilinguisme scolaire en Afrique francophone ?
L’ouverture de l’événement a été honorée par la présence de Mme Khady Diop Mbodji, Secrétaire général du ministère de l’Éducation nationale du Sénégal.
Ont également pris la parole Mme Ouidad Tebba, Directrice régionale Afrique de l’Ouest de l’AUF, Mme Mona Laroussi, Directrice de l’IFEF, Mme Sabine Lopez, Directrice des projets de l’AUF, et Rémy Yameogo, Attaché de programme du programme ELAN.
Favoriser une synergie entre le monde de la recherche et le monde institutionnel
La première journée a été consacrée à la restitution de 6 projets de recherche-action ayant bénéficié de l’accompagnement des experts d’ELAN et d’APPRENDRE, entre 2020 et 2021.
Menées au Bénin, au Burkina Faso, au Burundi, au Cameroun, et au Togo, ces recherches permettent de comparer des cas différents, de part la diversité des contextes éducatifs représentés, les politiques linguistiques en place, et les différents niveaux de multilinguisme des pays.
Après l’inauguration du séminaire, des représentants des six équipes de recherches ont donc présenté les étapes et les résultats de leurs travaux, afin d’analyser leurs exploitations possibles par les systèmes éducatifs. Tous les projets ont été commentés et mis en perspective par les participants, notamment par les Secrétaires Généraux des Ministères de l’Éducation présents :
- M. Alain Hounleyi, Secrétaire Général du Ministère enseignement primaire et maternel au Bénin
- M. Adanyossi Coffi André, Secrétaire Général du ministère des Enseignements secondaires au Bénin
- Pr Frédéric Bangirinama, Secrétaire Permanent du Ministère de l’Education au Burundi
- M. Daniel Oyono Adams, Secrétaire Général du Ministère Education de base au Cameroun
- Pr. Fabien Nkot, Secrétaire Général du Ministère des enseignements secondaires au Cameroun
- M. Ahiya Barakpété, Secrétaire Général du ministère de l’Éducation au Togo
- M. Issaka Simpore, représentant du Secrétaire Général du ministère de l’Education au Burkina Faso
- M. Sylvestre Keteguia, Directeur de l’enseignement primaire et secondaire du ministère de l’éducation en République centrafricaine
Il est aujourd’hui possible de revoir chaque présentation, mais aussi de lire l’intégralité de leur recherche, en cliquant sur “Télécharger le PDF” :
Plusieurs thématiques ont occupé une place centrale dans les échanges : les représentations des langues (L1/L2) chez les acteurs concernés, l’évaluation des compétences linguistiques des élèves, l’observation des pratiques enseignantes et le niveau d’appropriation d’une didactique du bilinguisme, l’enseignement des disciplines non linguistiques en L1 et en français et le processus de transfert, ainsi que les difficultés que posent la mise en œuvre d’une éducation bilingue.
Tous les participants se sont accordés sur trois points majeurs, à savoir la nécessité de rapprocher les chercheurs et les institutionnels, d’intégrer les praticiens dans les équipes de recherche et de traduire les résultats de la recherche en termes d’actions concrètes à engager.
S’engager pour l’amélioration de l’enseignement-apprentissage bilingue des fondamentaux du primaire et du secondaire
La deuxième et la troisième journée du séminaire ont été consacrées à cinq tables rondes, et aux présentations de quatre partenaires : la CONFEMEN, l’UNESCO-BIE, l’association sénégalaise ARED, et l’UNICEF.
Revoir la table ronde n°1 « L’évaluation bilingue des acquis scolaires »
Interpellés sur les modalités institutionnelles et pédagogiques favorisant une évaluation portant sur les compétences bilingues, les intervenants ont traité, entre autres, de l’évaluation dans les disciplines non linguistiques, et de l’institutionnalisation de l’évaluation certificative en L2.
Lors de cette première table ronde, Guy Roger Kaba, conseiller technique à la CONFEMEN, a donné un aperçu sur les évaluations et la prise en compte des compétences bilingues dans les enquêtes PASEC.
Qui sont les acteurs à former ? Comment mettre en place des formations ?
Au cœur des débats : les dispositifs institutionnels et pédagogiques, la nécessité d’un décloisonnement des formations et l’articulation formations/suivi de proximité.
Au cours de cette table ronde, Omar Thiam, expert à l’UNESCO-BIE a présenté les réformes curriculaires en cours dans les pays, ainsi que le Programme de Formation en Education Bilingue (ProFEB) que l’UNESCO-BIE a élaboré en collaboration avec le programme ELAN sous forme de modules destinés à la formation initiale des maîtres dans les pays subsahariens francophones.
Revoir la table ronde n°3 « La gestion de l’hétérogénéité linguistique des classes »
Les intervenants ont réfléchi sur la façon dont un enseignant peut gérer les langues de ses élèves, selon des démarches pédagogiques appropriées, garantissant une certaine équité dans la classe.
Les réflexions se sont étendues sur les notions de langue majoritaire, langue du milieu, et langue de l’exposition langagière communautaire. La question des variétés du français et leurs implications didactiques a également été évoquée.
Au cours de cette table ronde, un témoignage de pratiques pédagogiques à l’épreuve de cette hétérogénéité a été présenté par Mamadou Amadou Ly, Directeur Général de l’association ARED.
A la lumière des exemples donnés, des perspectives ont été mises en avant : mise en place d’une pédagogie différenciée, recours à une didactique de la variation et au tutorat, développement de capacités d’intercompréhension, de reformulation, etc.
Revoir la présentation de la réforme bilingue au Sénégal
La présentation de Cheikh Beye a fait état d’un cas de réforme bilingue au Sénégal, avec un cadre politique et institutionnel en amont, un modèle bilingue consensuel, harmonisé, et contextualisé, et soutenu par des outils didactiques.
Haritz Goya Lujambio, spécialiste en éducation, et Philippe Humeau, consultant à l’UNICEF, ont présenté une étude diagnostique d’introduction du bilinguisme dans 3 pays, qui donne un aperçu sur les modalités institutionnelles, pédagogiques et logistiques d’actions bilingues.
Cette table ronde a situé la recherche action dans ses spécificités, ses contours, ses modalités et outils. Elle a aussi permis d’esquisser les rôles des acteurs concernés (notamment l’enseignant qui applique l’innovation). Les retours des représentants des ministères ont fait émerger les attentes institutionnelles quant à l’initiation des enseignants en formation à la recherche-action, la stabilisation des langues nationales comme préalable pour accompagner la mise en place du bilinguisme, et la nécessité de les associer dans le processus des recherches, tout en garantissant la liberté du chercheur.
La table ronde a permis de dresser un état des lieux des recherches sur le bilinguisme : l’évolution de la recherche, les types de publication, les structures impliquées, la contribution individuelle des universitaires, les revues, etc,.
Comme l’ont souligné les intervenants, les besoins en formation doivent être élargis aux orientations didactiques en les faisant porter sur les dimensions du curriculum (y compris les programmes, les manuels et l’évaluation).
Des échanges suivis par l’avenir de la recherche, puisqu’une délégation d’étudiants de l’université Gaston Berger de Saint-Louis a fait le déplacement.