À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, il est essentiel de rappeler que l’égalité dans l’éducation ne se limite pas aux élèves, mais concerne aussi celles et ceux qui enseignent. Une étude récente soutenue par APPRENDRE et menée par le Pr Touré Krouélé révèle des disparités significatives entre les enseignants et les enseignantes du cycle primaire en Côte d’Ivoire. Basée sur un échantillon de 602 enseignants répartis dans quatre régions (Agboville, Abengourou, Bouaké et Ferké), l’étude met en lumière les défis spécifiques auxquels les femmes sont confrontées dans ce secteur. 


Une féminisation croissante, mais des inégalités persistantes 


Bien que la proportion de femmes enseignantes soit en augmentation (40% en 2023 contre 28% en 2015), des inégalités persistent en matière de qualifications. Les femmes sont moins nombreuses à posséder un BEPC ou un baccalauréat, ce qui peut limiter leurs perspectives d’évolution de carrière. 


Niveau d’éducation et motivation : des différences subtiles 


Les enseignantes sont légèrement moins diplômées que leurs collègues masculins, avec des taux plus faibles de BEPC et de baccalauréat. En revanche, elles se montrent légèrement plus motivées par leur métier. 63,32% des enseignantes se disent très motivées contre 60,63% des hommes. 


Des facteurs de démotivation distincts 


Les sources de démotivation varient selon le genre. Les enseignantes sont principalement préoccupées par les conditions de travail difficiles, comme le manque de matériel didactique et les classes surchargées, ainsi que par l’insuffisance des salaires. Les enseignants, quant à eux, soulignent les changements pédagogiques fréquents sans formation adéquate et l’absence de primes pour les postes difficiles. 


Des difficultés sociales exacerbées pour les enseignantes 


Les témoignages recueillis par les supérieurs hiérarchiques (CPS et IEPP) dressent un tableau alarmant : logements précaires, difficultés à concilier vie familiale et professionnelle, insécurité. Les femmes sont particulièrement vulnérables, notamment en zone rurale, où l’accès aux services de base est limité. 


Mobilité et carrière : des parcours semés d’embûches 


Si les enseignantes sont plus mobiles en début de carrière, elles peinent à évoluer vers des postes à responsabilité. Les raisons ? Des conditions de travail difficiles, mais aussi des freins liés à leur vie personnelle. 


Des pistes pour l’égalité 


Face à ces constats, des solutions s’imposent : 

  • Améliorer les conditions de travail : investissement dans le matériel, réduction des effectifs, revalorisation des salaires. 
  • Favoriser la mobilité géographique : prendre en compte les contraintes familiales et les besoins spécifiques des femmes. 
  • Renforcer la sécurité : assurer la protection des enseignantes, notamment en zone rurale. 
  • Accompagner les femmes dans leur carrière : formation continue, mentorat, accès aux postes à responsabilité. 

Cette étude met en lumière l’urgence d’agir pour garantir l’égalité des chances et valoriser le rôle essentiel des enseignantes dans l’éducation des jeunes Ivoiriens. Cliquez ici pour lire l’intégralité de la recherche.

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