Les gestes professionnels de l’enseignant ne sont pas le fruit du hasard. Un intérêt majeur à l’étude de ces gestes est porté actuellement par la recherche, notamment à travers la démarche d’observation et des analyses des pratiques. C’est dans cette dynamique que s’est orientée la mise en œuvre d’un projet de recherche libanais portant sur l’auto-confrontation en tant que levier pour développer le pouvoir d’agir des enseignants.

Un nombre conséquent d’enseignants du secteur scolaire public au Liban éprouvent des difficultés dans l’exercice de leurs tâches quotidiennes, dues à des lacunes au niveau de leurs qualifications et de leur développement professionnel. Cette situation les fragilise et affecte sensiblement leur pouvoir d’agir aussi bien en classe qu’auprès de toute la communauté éducative. Une régression importante de la fréquentation scolaire des écoles publiques pourrait être rattachée, entre autres facteurs, à cette réalité : en 2012-2013, seuls 28% des élèves libanais étaient scolarisés dans le secteur public. Les crises économiques successives qui touchent le pays ont cependant fortement impacté ce taux de fréquentation. Selon le ministère de l’Education, depuis 2019, plus de 90 000 élèves du privé ont rejoint l’école publique.


Amener les enseignants à s’engager dans une dynamique de développement professionnel 


Face à cette situation, Suzanne Abdul-Reda Abourjeili, Mounifa Assaf et Maria Habib, ont cherché à développer, à travers ce travail de recherche, la capacité des enseignants à analyser leurs activités réelles, par le biais de l’auto-confrontation.  


Suzanne Abdul-Reda Abourjeili, porteuse du projet, est enseignante-chercheuse à la Faculté de Pédagogie de l’Université Libanaise, et Présidente de l’Association Libanaise des Sciences de l’Education (LAES). 

Mounifa Assaf est experte en éducation. 

Maria Habib est enseignante-chercheuse à l’Institut Libanais d’Educateurs, à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth. 


Pendant plusieurs mois, l’équipe de recherche a travaillé aux côtés de sept enseignantes volontaires, et de deux encadrantes. Munies d’enregistrements vidéo de leurs propres cours, les enseignantes ont appris à analyser leur travail. A travers cette méthode, il s’agit en effet de rendre l’enseignant acteur de sa formation, en lui donnant les outils nécessaires pour s’apprêter aux réalités d’un métier en perpétuelle évolution. 

L’appui des expertes a consisté à dialoguer avec les enseignantes, afin de les aider à se rapprocher de la réalité de leur travail, et à dévoiler les aspects problématiques de leurs pratiques. 


Elles reviennent aujourd’hui sur les résultats et les retombées de leur recherche : 


Télécharger l’étude 


L’étude est en libre téléchargement sur le site d’APPRENDRE. Cliquez ici pour y accéder. 

Cliquez ici pour consulter tous les projets de recherche soutenus dans le cadre du premier appel à projets lancé par APPRENDRE, sur le thème “Documenter et éclairer les politiques éducatives dans les pays francophones”. 


Analyse du référent APPRENDRE 


Selon Jacques Marchand, membre du Conseil scientifique d’APPRENDRE et référent scientifique du projet, “la recherche a montré que les pratiques d’auto-confrontation et d’entretiens peuvent permettre à des enseignantes qui n’ont pas de solide formation professionnelle d’entrer dans une démarche réflexive en interrogeant certains aspects problématiques de leurs pratiques.” 

Il souligne également que “les entretiens ont montré que la précarité matérielle des enseignantes constitue un frein majeur pour l’amélioration des pratiques professionnelles soit parce que les enseignantes vacataires estiment ne pas en avoir le temps, ou qu’elles jugent qu’un tel effort de leur part n’est pas justifié au regard des faibles rémunérations perçues, des contraintes multiples dans lesquelles se déroule leur activité d’enseignement et de l’absence de perspective d’évolution professionnelle. Le cheminement qui s’est déroulé sur une année scolaire complète (certes amputée par la fermeture des écoles pendant 6 mois) a également montré l’importance du facteur temps pour favoriser des prises de conscience et amorcer les transformations des pratiques.”  

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