[Vidéo] Colloque international : les clés pour réussir la généralisation de l’enseignement bi-plurilingue

La planification, un préalable à la généralisation
Intervenant lors de la table ronde « Planification, financement, stratégies de montée en échelle », le Professeur Mohamed Miled, de l’université de Carthage, a rappelé que l’extension d’une réforme bilingue repose sur une planification pluridimensionnelle. Il a souligné que cette démarche couvre des aspects aussi variés que les dimensions institutionnelles, politiques, linguistiques, sociolinguistiques, curriculaires, financières et logistiques.
Le Professeur Miled a ensuite expliqué l’importance de l’harmonisation nationale des approches bilingues pour dépasser les expérimentations isolées et garantir une vision nationale cohérente pour l’ensemble du pays.
Pour illustrer son propos, il a présenté l’exemple du Burkina Faso, où une équipe a travaillé à l’analyse et à la capitalisation de quatre expérimentations différentes menées dans le pays. L’objectif était de dégager des ressemblances, d’expliciter les fondements conceptuels de chaque approche et de mettre au point une formule harmonisée nationale.
Pour voir sa présentation :
Pourquoi évaluer : Une démarche au service des apprentissages
Dans le cadre de l’atelier thématique « Intégration du bi-plurilinguisme dans le cadre scolaire : l’accompagnement des enseignants », la Professeure Micheline Joanne Durand a quant à elle offert sa perspective sur le rôle crucial de l’évaluation formative. Son exposé a souligné que cette approche ne doit pas être une simple vérification des acquis, mais une composante intégrée au processus d’enseignement-apprentissage, avec pour objectif d’être « au service des apprentissages ».
Cela signifie que l’enseignant doit pouvoir observer les élèves en action, identifier leurs difficultés et erreurs en temps réel, et intervenir immédiatement pour ajuster la pédagogie. Ce processus vise à favoriser la réussite de tous les élèves, en développant également leur métacognition, c’est-à-dire leur capacité à réfléchir sur leur propre manière d’apprendre.

Comment évaluer : La Situation d’Apprentissage et d’Évaluation (SAE)
L’outil privilégié pour concrétiser cette évaluation intégrée est la Situation d’Apprentissage et d’Évaluation (SAE). Une SAE est une activité pédagogique qui permet aux élèves non seulement d’acquérir de nouvelles connaissances, mais aussi de réinvestir celles qu’ils ont déjà. Elle doit être :
- Complexe : Proposer un défi, plutôt qu’une simple transmission de savoir.
- Signifiante : Liée à la vie quotidienne des élèves, pour favoriser l’engagement.
- Conforme : Respecter les planifications et les référentiels de compétences.
- Pertinente dans sa structure : Organisée en étapes (préparation, réalisation, intégration) permettant aux élèves de construire et de consolider leurs apprentissages.
- Intégrant des instruments d’évaluation : Des outils spécifiques sont prévus pour l’observation formative.
Les trois étapes de la SAE ont été détaillées :
- Préparation : Motiver les élèves, activer leurs connaissances antérieures, et introduire les nouvelles notions, souvent en grand groupe, avec des premières différenciations et remédiations si nécessaire.
- Réalisation : Les élèves travaillent en groupes ou individuellement, appliquant les nouvelles notions. L’enseignant circule, observe et intervient directement.
- Intégration : L’élève démontre sa maîtrise de manière plus autonome, souvent suivie d’activités de consolidation ou de remédiation.
Un cadre pour l’action : Régulation, différenciation et remédiation
Pour soutenir les apprentissages, la Professeure Durand a présenté un cadre d’intervention basé sur trois piliers :
- La régulation des apprentissages : Elle peut être exercée par l’enseignant (avant, pendant, après), mais aussi par l’élève lui-même (auto-régulation) et entre pairs (co-régulation), ce qui est essentiel face à des classes nombreuses. La régulation concerne aussi l’enseignement lui-même, l’enseignant devant questionner la pertinence de ses propres actions pédagogiques.
- La différenciation pédagogique : Adapter l’enseignement aux besoins variés des élèves, que ce soit au niveau du contenu (ce qui est appris), du processus (comment c’est appris), de la structure (l’environnement d’apprentissage) ou des productions (les résultats attendus).
- La remédiation : Assurer la maîtrise des notions fondamentales avant de progresser, en identifiant les difficultés, en choisissant les outils appropriés et en assurant un suivi.
L’instrumentation de l’évaluation formative : Des outils pour l’action
Enfin, l’intervention a insisté sur la nature des instruments d’évaluation formative. Loin des examens traditionnels, il s’agit d’outils concrets pour les élèves et les enseignants :
- Pour les élèves : L’auto-évaluation, la co-évaluation avec l’enseignant et l’évaluation par les pairs. Ces pratiques sont encouragées dès le plus jeune âge pour développer l’autonomie.
- Pour les enseignants : Des grilles d’observation basées sur les critères et indicateurs des référentiels, permettant de suivre les progrès des élèves de manière structurée.
Pour aller plus loin
La Situation d’Apprentissage et d’Évaluation (SAE) et ses différents outils sont au cœur d’un nouveau guide pédagogique publié par le programme APPRENDRE, coordonné par la Professeure Durand et Myriam Girouard-Gagné. Téléchargez-le gratuitement ici pour découvrir des méthodes concrètes permettant d’adapter l’enseignement, de fournir une rétroaction efficace (régulation) et de favoriser l’engagement des élèves dans leur propre apprentissage (auto-évaluation, co-évaluation).