Comment se déroule la formation initiale et continue des enseignants en République centrafricaine ? Quelles sont les réformes en cours ? Quels sont les besoins du Ministère de l’Éducation dans ce domaine ? Ces questions ont été soulevées lors d’une mission de présentation d’APPRENDRE, à Bangui. Elle a réuni des représentants du gouvernement centrafricain, ainsi que Johanna Gardrel, Co-coordonnatrice du programme, Marius Tchakounang Nanhou, Responsable régional du programme et Anicet Doumous, Responsable du Bureau national de l’Agence Universitaire de la Francophonie en RCA.

APPRENDRE interviendra en République centrafricaine dès la fin de l’année 2022. Le  Ministère,  par  la  voie  du  directeur  de  cabinet  du  Ministère de l’enseignement  technique  et  de l’alphabétisation, accueille favorablement la perspective de cet appui.  

Pour préparer le démarrage des activités, l’équipe d’APPRENDRE a conduit des consultations auprès des représentants du gouvernement, d’organismes en charge de la formation des acteurs de l’éducation, ainsi que d’institutions techniques et financières, et cela avec l’appui du bureau national de l’AUF et de l’AFD, représenté par Mme Alice Moret


Découvrir la structuration de la formation des enseignants et de leurs encadreurs pédagogiques


M. Anicet Doumous, Responsable du bureau national de l’AUF en République centrafricaine, M. Blaise Yandji, Directeur de l’ENS de Bangui et M. Marius Tchakounang Nanhou, Responsable régional du programme.

Les représentants d’APPRENDRE et de l’AUF ont tout d’abord rencontré M. Blaise Yandji, Directeur de l’ENS de Bangui. Celui-ci a fait le tour des difficultés rencontrées actuellement au sein de son institution, dont: 

  • La formation des inspecteurs et des conseillers pédagogiques ne relève plus de l’ENS. Ceux-ci sont nommés et ne reçoivent au préalable pas de formation pour assurer leurs différentes fonctions. 
  • Le nombre d’inspection d’académie (IA) en RCA passera de 10 à 20 dès la rentrée prochaine ainsi que le nombre de centres pédagogiques régionaux (CPR), ce qui impliquera un nombre plus  important d’inspecteurs  et  de  conseillers  régionaux  sur  le  terrain.  C’est  dire  que  la question de l’encadrement de ces superviseurs devient de plus en plus urgente
  • L’école normale manque cruellement d’enseignements de qualité et il serait important que les  étudiants  puissent  recevoir  de  meilleurs  enseignants  d’experts  étrangers (du  Cameroun notamment). 
  • La question du développement d’un laboratoire virtuel et d’un environnement numérique de travail doit être envisagé pour renforcer les enseignements au sein de l’ENS et permettre un partage efficace de connaissance. 
  • Il est envisagé à l’ENS de rouvrir une filière pour les inspecteurs et les conseillers pédagogiques en intégrant cette fois les aspects de formation des élèves du préscolaires

Agir en cohérence avec les priorités nationales 


Des rencontres avec des représentants du Ministère de l’Éducation ont permis de connaître les enjeux de développement qu’ils jugent prioritaires.

M. Marius Tchakounang Nanhou, Responsable régional d’APPRENDRE, M. Samuel Feizounamouan, Directeur   de   l’Institut   national   de   Recherche   et   d’animation   pédagogique   (INRAP) et point focal d’APPRENDRE en RCA, Mme Johanna Gardrel, Co-coordinatrice du programme, et M. Anicet Doumous, Responsable du bureau national de l’AUF en République centrafricaine.

Actuellement, le Ministère travaille à la révision des curricula pour la formation initiale et  continue des enseignants. Ce travail s’effectue en partenariat avec l’UNICEF pour le niveau pré-scolaire, avec la Banque mondiale et l’Union Européenne pour le niveau primaire et avec la coopération française pour le niveau secondaire. 

Le Ministère se heurte en effet à une difficulté: la professionnalisation des enseignants. Actuellement, environ  50% des  enseignants du fondamental sont  des maîtres-parents qui ne  sont  pas  rattachés  formellement  au  système éducatif. L’objectif pour  le  Ministère est de former 16 000  enseignants  d’ici  2030 pour  pallier  le déficit  actuel, mais aussi de passer de 10 à 20  Inspections académiques (IA),  et de 10  à  20  Centre Pédagogiques Régionaux(CPR). 
 

Parmi les autres enjeux à relever : la formation à la conception de manuels.  
 

Les réflexions se portent également sur des thématiques abordées par APPRENDRE, comme l’enseignement bilingue ou les collèges de proximité


Renforcer l’impact d’APPRENDRE à travers une mise en réseau de partenaires 
 

L’équipe d’APPRENDRE s’est entretenue avec Mme Noemi Robiati, cheffe secteur éducation à l’UNICEF, et M. Marcel Richard Ndoute, spécialiste en éducation.

L’équipe a par ailleurs collecté de l’information sur les projets d’appui en cours, notamment grâce à Mme Giulia Trevisson-Coppe et Mme Andrea Ferrero, de l’Union européenne et M. François Petithory, attaché de coopération éducative, à l’ambassade de France. 

L’UNICEF en  qualité  de  chef  de  file,  assure la  coordination  de  l’action  des partenaires  en  appui  au Ministère  de  l’Education. L’appui  au  renforcement  de  la  qualité  de  l’éducation se  matérialise essentiellement sur le travail d’appui à la réforme des curricula de formation initiale et continue des enseignants, et la formation d’un noyau de formateurs de formateurs pour chaque niveau.  

Les  activités  de  renforcement  de  capacités qui  seront  proposées par  APPRENDRE  devront donc s’appuyer sur le cadre des nouveaux curricula et référentiels de formation qui seront  produits. Les bénéficiaires directs des renforcements de capacités auront des profils de terrain, avec une mission de formation et d’encadrement. 

Une réunion en visioconférence a permis d’en savoir plus sur les actions de la Banque Mondiale en faveur du bilinguisme scolaire, de la formation des formateurs, et de la conception de ressources et matériels didactiques. Elle a réuni M. Aboubakar Lompo, spécialiste sénior en éducation, Mme Maud Andrée Kouadio, Mme Mafaizath Aramide Fatoke, Mme Rosine Babou, toutes trois spécialistes en éducation, Mme Oulimata Ndiaye, économiste de l’éducation et M. Gilbert Selonkoue, coordonnateur PUSEB et PAPSE II. 
 

L’ensemble des  partenaires  se  sont  entendus  pour élaborer  des  ressources  uniques  harmonisées,  qui  seront utilisées par tous les enseignants du pays. Le  sujet sur  lesquels  le  renforcement  reste  nécessaire  est  la  question  du  genre. Il n’y a pas  encore suffisamment  de  femmes  aux  fonctions  d’enseignantes, et la déscolarisation des filles persiste. 


Jacques Marchand, membre du Conseil scientifique d’APPRENDRE, se rendra dans le pays en septembre 2022, afin de co-rédiger avec le gouvernement un Plan de Travail Annuel décrivant les activités d’APPRENDRE au cours des années 2023-2025.


Réunion entre Mme Johanna Gardrel, M. Samuel Feizounamouan et M. Marius Tchakounang Nanhou, afin de préparer la rédaction du Plan de Travail Annuel du pays.

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