L’inclusion en éducation est au cœur de nombreuses préoccupations, mais qu’est-ce que cela signifie réellement?  Comment la définir concrètement? Et surtout, comment faire pour que chaque enfant, quelle que soit sa situation, puisse apprendre dans de bonnes conditions. Dans ce court article, Dominique Hébert, experte du programme APPRENDRE, propose quatre questions clés pour mieux comprendre l’inclusion scolaire et ainsi faire un pas de plus vers une école plus inclusive. Votre avis compte : un court sondage vous attend à la fin de l’article pour partager votre point de vue sur l’inclusion scolaire.


Qu’est-ce que l’inclusion en éducation ? Pourquoi est-ce si important ? 

L’inclusion, c’est d’abord de reconnaître que tous les enfants sont différents – par leur langue, leur origine, leur genre, leurs capacités- et que cette diversité est une richesse et non un problème (ORES, 2024). Une école inclusive accueille tous les élèves, sans exception, et valorise leurs différences. En contexte scolaire, les enseignants créent des situations d’apprentissage où tous les élèves peuvent progresser, selon leur capacité. Dans cette approche, c’est à l’école de s’adapter aux besoins des élèves et non le contraire. L’objectif? Éliminer toutes les formes d’exclusion et offrir à chaque élève une chance égale de réussir.  

Dans nos écoles, les classes sont toujours composées d’élèves très différents. C’est pourquoi l’inclusion est essentielle puisqu’elle vise à favoriser la réussite de tous les élèves et à préparer leur participation active à la société (Bauer et Borri-Anadon, 2021). De plus, en étant exposés à la diversité dès le tout jeune âge, les enfants développent  de nombreuses compétences sociales, notamment l’ouverture à la différence et le respect, permettant ainsi de construire une société plus juste et  plus solidaire : l’école n’est-elle pas une micro-société ? 



Quels sont les obstacles à l’inclusion scolaire ? 


L’inclusion scolaire est une démarche holistique qui demande des efforts à plusieurs niveaux. Selon Potvin et al. (2022), le personnel scolaire n’est pas toujours suffisamment formé pour répondre à la diversité présente dans leurs classes. Mettre en place l’inclusion, c’est aussi transformer les pratiques pédagogiques et adapter les structures qui ne sont pas toujours prêtes à accueillir tous les élèves, notamment ceux en situation de handicap. Cela nécessite d’adopter une approche de la conception universelle de l’apprentissage, et mettre en œuvre une différenciation pédagogique afin de tenir compte des besoins de chaque élève. Pour y parvenir, il faut du matériel pédagogique adapté et souvent, le manque de ressources vient freiner cette démarche. Enfin, l’inclusion implique de lutter contre les stéréotypes encore présents à l’école, comme l’idée que les filles seraient moins douées en  mathématiques et en sciences.  



Comment rendre l’école plus inclusive? 


Pour favoriser l’inclusion scolaire, plusieurs actions concrètes peuvent être mises en place. D’abord, il est essentiel d’enrichir la formation continue des enseignants par des ateliers, ou des communautés de pratique sur l’inclusion. Comme le souligne Potvin (2014), le personnel scolaire doit développer sa capacité à tenir compte de l’inclusion dans sa pratique, que ce soit dans l’organisation de sa classe ou dans le contenu des enseignements. Ensuite, il faut encourager la différenciation pédagogique, en proposant des approches variées selon les besoins des élèves. Par exemple, une même activité peut être réalisée à l’oral, à l’écrit, en équipe ou seul. Il est donc important de soutenir le personnel scolaire en proposant des formations adaptées et du matériel pédagogique diversifié. Le climat scolaire joue également un rôle clé dans l’inclusion scolaire. Selon Beaumont (2018), des activités comme des semaines de sensibilisation, ou des projets de groupe, peuvent aider à développer l’empathie et la solidarité entre les élèves. Cela permet à chacun d’exprimer son authenticité dans un environnement sain et sécuritaire. Enfin, l’école ne peut porter seule le poids de l’inclusion. Des partenariats intersectoriels peuvent être envisagés: des acteurs communautaires ou du secteur de la santé peuvent contribuer, par exemple, par l’animation d’activités de sensibilisation.  Des tables de concertation réunissant différents acteurs pourraient également permettre de réfléchir collectivement aux meilleures façons de soutenir l’inclusion à l’école.  



Quels sont les bénéfices de l’inclusion ? 


Pourquoi mettre autant d’énergie dans l’inclusion scolaire? Même si le milieu scolaire est déjà fortement sollicité, son engagement est essentiel pour que l’inclusion se déploie. 

Ainsi, l’inclusion permet d’abord de réduire les inégalités entre les élèves: entre ceux en situation de handicap et ceux qui ne le sont pas, entre élèves issus de milieux différents, entre filles et garçons. Elle contribue aussi à améliorer les apprentissages, notamment chez les élèves les plus vulnérables, qui bénéficient de modèles positifs et d’un environnement stimulant. Chez le personnel scolaire, l’inclusion développe les compétences de planification et d’enseignement, en plus de susciter leur réflexion, améliorant ainsi la qualité de l’éducation. À long terme, l’inclusion favorise une cohésion sociale, et l’apprentissage à la participation citoyenne de tous les élèves.   

Même si l’inclusion peut sembler difficile à mettre en œuvre dans le contexte scolaire actuel, il suffit parfois d’un simple geste, d’une nouvelle action, ou d’une prise de conscience pour débuter le changement vers une école plus inclusive. Chaque petit geste compte. Quel sera le vôtre ? 



Dominique Hébert, D.éd. spécialiste de l’éducation, Québec, Canada, experte du Groupe Thématique d’Expertise APPRENDRE « Genre et inclusion »




  • Le 10 octobre est la Journée mondiale de la santé mentale. 
  • Le 17 octobre est la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté. 

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