Comment sont les relations entre les enseignants et les inspecteurs du Togo ? Comment se passent les inspections ? A l’occasion d’un premier atelier sur l’Observation et l’Analyse des Pratiques Enseignantes, APPRENDRE est parti à la rencontre d’une inspectrice et d’un inspecteur, afin de comprendre en quoi l’approche proposée par les experts peut améliorer la manière dont les superviseurs pédagogiques accompagnent le personnel enseignant. 

Du 28 novembre au 2 décembre 2022, 40 cadres pédagogiques de l’Inspection d’enseignement secondaire général (IESG) ont approfondi leurs connaissances sur la démarche et les outils d’observation et d’analyse des pratiques enseignantes. Plusieurs fiches d’observation ont été élaborées afin d’être mises à l’épreuve du terrain lors de l’intersession. En effet, les participants se retrouveront l’année prochaine pour partager les premières retombées de leurs formations, et améliorer les ressources produites. 

Trois experts ont animé l’atelier : 


Les animateurs ont salué l’ouverture aux changements des participants, non seulement dans le discours mais également dans les questionnements. Cette ouverture s’est notamment manifestée à travers une avancée forte observée dans les activités de jeu de rôle : “On note que les participants ne jugent plus ou font l’effort de ne plus juger. Ils cherchent plutôt à comprendre l’accompagné et l’accompagnateur. On pourra également observer un enthousiasme dans la production de fiches d’observation et également lors de l’élaboration des plans de dissémination des sept régions.” 



Entre enseignants et inspecteurs, une relation de confiance nécessaire 


Quel est l’intérêt de l’approche proposée pour le système éducatif togolais ? Interrogés sur les pratiques actuelles d’inspection, deux inspecteurs donnent leur point de vue sur la question. 



Pouvez-vous vous présenter ? Combien d’enseignants supervisez-vous ? Cela représente combien d’entretiens par semaine ?  

Améyo Amouzou: Je suis Inspectrice d’enseignement secondaire général. Le nombre d’entretiens par semaine est de neuf.  
 

Mintchiébe Sanla: Je suis Inspecteur d’éducation nationale, chargé de l’enseignement de l’histoire, de la géographie et de l’éducation civique et morale, Chef d’inspection de l’inspection de l’Enseignement secondaire général de Dapaong, Extrême Nord du Togo.  

J’ai sous ma responsabilité au total 278 enseignants dont 183 du Public et 95 des établissements privés et communautaires. Avec ce nombre, vous conviendrez avec moi qu’il ne serait pas possible de pouvoir superviser seul leurs pratiques pédagogiques. Avec mes charges de chef d’inspection, nous arrivons à suivre effectivement environ 40 enseignants représentant deux entretiens-conseils par semaine.  


Actuellement, comment se passent les inspections scolaires au Togo ?  

Améyo Amouzou: Le Togo est organisé actuellement en 18 inspections d’enseignement secondaire général. Chaque inspection planifie et organise ses visites de classe et d’établissement.  

Dans le cadre des visites de classe, les inspecteurs se rendent dans les établissements scolaires pour observer les enseignants en classe. Après cette phase d’observation, l’inspecteur procède à une analyse l’activité suivie avant d’un entretien avec l’enseignant.  
 

Mintchiébe Sanla: Les inspections scolaires se passent bien à travers principalement des visites de classes par les inspecteurs et conseillers pédagogiques pour assister aux cours, interroger les élèves, examiner les travaux quotidiens des différents acteurs par le biais de la tenue des documents pédagogiques et administratifs dont la tenue est obligatoire. Ils font ensuite des entretiens-conseils avec les enseignants afin de leur apporter un soutien et un accompagnement pédagogiques.  En outre, les inspections se passent aussi à travers les visites d’établissements pour apprécier les infrastructures mobilières et immobilières ainsi que la gestion administrative des établissements afin de soutenir et accompagner les établissements en difficulté. Enfin, les inspections constituent des occasions pour conseiller les enseignants, assurer l’animation des équipes pédagogiques, d’organiser et/ou de superviser la formation initiale et continue des enseignants.  
 


Comment sont les relations entre les inspecteurs/conseillers pédagogiques et les enseignants ?   

Améyo Amouzou: Le constat sur le terrain révèle une relation de convivialité et une confiance entre l’enseignant et l’inspecteur.  

Mintchiébe Sanla: Les relations sont conviviales, celles d’un accompagnateur à un accompagné, d’un guide au guidé, d’un conseiller professionnel à un collègue ayant besoin de soutien. Bref l’inspecteur n’est plus perçu comme un gendarme derrière l’enseignant ou un connaisseur qui vient donner les directives indiscutables.  


Dans quelle mesure l’approche d’Observation et d’Analyse des Pratiques Enseignantes peut-elle impulser un changement dans le système éducatif togolais ?  
 

Améyo Amouzou: Cette approche permet de renforcer les capacités aussi bien du personnel d’encadrement que des enseignants et du coup favorise un meilleur apprentissage des élèves.  
 

Mintchiébe Sanla: L’approche d’Observation et d’Analyse des Pratiques Enseignantes peut impulser un changement dans le système éducatif togolais dans la mesure où :  

  •  Elle se fait à partir d’outils innovants et complets qui vont de l’observation à l’accompagnement en passant par l’analyse et l’évaluation des pratiques enseignantes ;  
  • Elle recommande l’adoption d’autres postures pour l’inspecteur vis-à-vis de l’enseignant afin de le rassurer, de le mettre en confiance pour un accompagnement positif ;   
  • Elle permet à l’enseignant de voir l’inspecteur comme un guide, un conseiller, un coach et accepte son coaching afin d’améliorer par lui-même ses prestations. 

Connaissiez-vous cette approche avant la formation ? Que vous a-t-elle apporté ?  
 

Améyo Amouzou: Cette approche n’était pas connue auparavant. Suite à cette formation, cette nouvelle approche permet de ne pas confondre observation et analyse, accompagnement et évaluation. 

Mintchiébe Sanla: Oui, je connaissais cette approche, mais pas avec les mêmes outils. Nous l’avons toujours fait mais à notre manière et avec des outils autres que ceux découverts à la formation. 

Cette approche m’a particulièrement appris l’élaboration des outils d’observations et d’analyses, comment bien conduire un entretien conseil et un accompagnement pédagogique afin d’aider à améliorer les pratiques professionnelles. 


Selon vous, à quoi l’inspecteur/le conseiller pédagogique doit-il particulièrement prêter attention lors de la phase d’observation ?  
 

Améyo Amouzou: Lors de la phase d’observation, l’inspecteur doit particulièrement prêter attention aux données à relever. Il doit éviter surtout de faire à cette phase une analyse ou un jugement. 

Mintchiébe Sanla: L’inspecteur/le conseiller pédagogique doit particulièrement faire attention, lors de la phase d’observation, aux indicateurs définis et contenus sur sa grille d’observation, afin de prélever tous les indices indispensables à une analyse pertinente et un jugement objectif en vue de déceler des points sur lesquels va apporter l’accompagnement de l’enseignant.  


Comment comptez-vous intégrer les acquis de la formation dans vos pratiques d’inspection ?  
 

Améyo Amouzou: Nous comptons intégrer les acquis de la formation dans nos pratiques en allégeant nos grilles d’observation, d’analyse et d’entretien. Nous mettrons plus d’accent sur l’accompagnement que sur le contrôle, le jugement et l’évaluation en mettant en pratique les étapes de l’analyse des pratiques professionnelles au cours de nos visites.  
 

Mintchiébe Sanla: Pour intégrer les acquis de la formation dans nos pratiques d’inspection, nous allons :  

  • Partager avec nos collègues inspecteurs les acquis de cette formation ;  
  • Élaborer les outils d’observation et d’analyse des pratiques de classe ainsi que les outils d’entretien et d’accompagnement des enseignants en difficultés ;  
  • Vulgariser ces différents outils au niveau des chefs d’établissements et des enseignants chevronnés pour un suivi de proximité ;  
  • Mettre ces outils au centre de l’encadrement pédagogique ;  
  • Élaborer les rapports mensuels à partir de nos propres observations et celles des encadreurs de proximité.  

Pour aller plus loin 

Vous souhaitez en savoir plus sur la démarche d’Observation et d’Analyse des Pratiques Enseignants ? Consultez deux articles rédigés par des experts dans le domaine : 
 

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