Chaque année, un nombre croissant de personnels enseignants quittent la profession, minant la qualité de l’enseignement et compromettant l’avenir des jeunes générations. Ce phénomène, connu sous le nom d’attrition, est particulièrement préoccupant dans les zones rurales, où les écoles peinent à retenir des enseignants qualifiés et expérimentés. Le programme APPRENDRE a soutenu une recherche visant à comprendre les causes de cette attrition et à évaluer le rôle de la formation initiale et continue dans la résolution de ce problème. Les résultats ont été présentés le 26 janvier 2025 aux directions du ministère de l’Éducation nationale (MEN) du Sénégal et à ses partenaires, en présence de Madame Khady Diop Mbodji, Secrétaire général, Monsieur Serigne Saibou Badiane, Directeur des Ressources Humaines, et de Madame Aïssatou Léna Sène, Doyenne de l’Inspection Générale de l’Education et de la Formation.

Un enjeu critique pour le système éducatif sénégalais

Le manque d’encadrement pédagogique, les conditions de travail souvent difficiles et le manque de valorisation du métier sont autant de facteurs qui poussent les enseignants sénégalais à quitter la profession. Cette situation engendre une pénurie de personnel qualifié, avec des conséquences directes sur la qualité de l’enseignement et la réussite des élèves.


Une méthodologie mixte pour une analyse approfondie


L’équipe de chercheurs, composée de spécialistes de l’Université Assane Seck de Ziguinchor, de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et de l’Université Gaston Berger, a adopté une approche mixte, combinant des enquêtes quantitatives et qualitatives. Leur étude, basée sur des enquêtes auprès de 270 enseignants des régions du Centre, du Nord et du Sud, révèle une multitude de facteurs :

  • Conditions de travail difficiles, particulièrement en zone rurale.
  • Salaires insuffisants et absence de primes motivantes.
  • Charge de travail excessive et manque de soutien administratif.
  • Peu d’opportunités de développement professionnel et de formation continue.
  • Faible reconnaissance de la profession dans la société.

Il est possible de télécharger l’intégralité de la recherche ainsi que la note d’orientation de l’étude pour en savoir plus sur ces résultats.


Des solutions concrètes pour retenir les enseignants


Cette journée de restitution a été l’occasion d’échanges fructueux entre les chercheurs, les représentants du ministère et les acteurs de l’éducation. Les participants ont pu réfléchir ensemble aux solutions possibles et formuler des recommandations concrètes pour lutter contre l’attrition des enseignants.

  • Madame Aïssatou Léna Sène, Doyenne de l’Inspection Générale de l’Education et de la Formation et Madame Khady Diop Mbodji, Secrétaire général du ministère de l’Éducation nationale.

Les discussions ont mis en exergue l’importance d’une politique de formation continue adaptée et d’une meilleure gestion des ressources humaines dans l’éducation.

Trois axes d’intervention prioritaires ont été définis pour réduire l’attrition des enseignants au Sénégal :

  1. Réformes des politiques éducatives : création d’une commission dédiée aux réformes éducatives, valorisation du statut de l’enseignant par des politiques de soutien et d’accompagnement.
  2. Renforcement du soutien aux enseignant : mise en place de formations continues certifiantes pour améliorer les compétences pédagogiques, renforcement des gestionnaires de personnels éducatifs en gestion des ressources humaines afin de mieux accompagner les enseignants dans la gestion de leur carrière.
  3. Implication des parties prenantes : création de comités locaux dans les établissements pour associer enseignants, parents et autorités à la gestion de la rétention des enseignants.


La restitution de cette recherche a mis en évidence l’urgence d’intervenir pour prévenir l’attrition des enseignants. La formation continue et la revalorisation du métier apparaissent comme des leviers essentiels pour améliorer la rétention des enseignants et promouvoir un système éducatif performant. Le ministère de l’Éducation nationale et les partenaires du secteur sont appelés à traduire ces recommandations en actions concrètes pour une école plus stable et efficace au Sénégal.


Découvrez les projets de recherche en éducation menés dans le cadre de l’appel « Entrée et maintien dans le métier des enseignantes et enseignants ».

Actualités récentes

Séminaire international : Comment attirer, former et maintenir les enseignantes et enseignants dans le métier ? 

Du 28 au 29 octobre 2025, le programme APPRENDRE organisera à Dakar (Sénégal) un séminaire international consacré à la présentation des résultats de son quatrième appel à projets de recherche en éducation. Lancé en 2021, cet appel a financé 11 projets menés dans neuf pays : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Maroc, République démocratique du Congo, Rwanda, Sénégal et Togo. Le séminaire rassemblera les équipes de recherche, des responsables institutionnels et des partenaires internationaux autour d’échanges privilégiés. Pour permettre à un public plus large de suivre les présentations, l’ensemble des sessions sera enregistré et diffusé ultérieurement sur la chaîne YouTube du programme. Consultez ci-dessous pour découvrir le programme prévisionnel, l’intégralité des recherches-actions et leurs notes d’orientation. 

Maurice : les communautés de pratiques évaluent leurs expérimentations pédagogiques 

L’été 2025 a marqué une étape décisive pour les six communautés de pratiques soutenues par le programme APPRENDRE à l’île Maurice. Fin juillet, elles se sont réunies pour franchir la quatrième étape du parcours Scholarship of Teaching and Learning (SoTL) : apprécier le changement. Cette rencontre a permis d’évaluer les effets concrets des expérimentations menées en classe, en examinant les réussites, les difficultés, les données recueillies et le ressenti des enseignants et des élèves.

En août, les caméras du programme se sont installées dans les écoles de la communauté Gestion de classe pour documenter les innovations testées sur le terrain. Ces images viendront enrichir les Journées nationales de l’innovation pédagogique (JNIP), où chaque communauté partagera ses résultats, ses avancées et les enseignements tirés de cette expérience collective.