Saisissant les opportunités offertes par le développement du numérique, de nombreux projets de formation des enseignants en Afrique subsaharienne se sont développés au cours des dix dernières années. Afin de dégager les points forts de ces dispositifs, l’AUF et l’AFD se sont associés pour appuyer une étude des évaluations de 16 projets numériques qui a abouti à la rédaction d’un guide-pratique préparé par Simon Fau, Leïla Ferrali, Yasmeen Moreau et Pablo Queckenstedt, et nourri des conseils de Khansa Ghabara. Grâce à eux, découvrez le potentiel du numérique pour enrichir la formation des enseignants.


A l’initiative de l’AFD, un groupe de réflexion sur l’usage des technologies en éducation dans les pays en développement a été créé en 2012. Le travail de ce groupe s’est concrétisé par l’organisation d’un séminaire sur les « Pistes de partenariat public/privé pour l’accès à l’éducation et à la formation professionnelle par les TICE en Afrique subsaharienne ». À l’issue de ce séminaire, le besoin est apparu de faire un état des lieux des connaissances et des expériences menées dans le secteur des TICE qui s’est concrétisé par la création du site VSTICE, dédié à la veille stratégique sur les TICE en Afrique subsaharienne. L’AFD et l’AUF ont ensuite lancé un appel à projets conjoint en 2015 afin d’identifier et financer des projets ambitieux dans le domaine de la formation initiale et continue des enseignants du primaire et du collège (ou fondamental) utilisant les TICE. A l’issue de cet appel, 4 projets dans 4 pays ont été retenus. C’est dans ce cadre également qu’a été réalisée l’étude des évaluations de 16 projets numériques. Le programme APPRENDRE tient compte des résultats de cette étude avec la plus-value des dispositifs utilisant le numérique ainsi que les trois recommandations formulées.


Recruter par le numérique

L’analyse de certaines expérimentations montre que la sélection des enseignants en formation initiale et continue est susceptible d’être facilitée par les tests en ligne qui permettent notamment de mieux catégoriser les forces et les faiblesses de chaque enseignant pour proposer des formations adaptées. C’est le cas par exemple du projet PAEBCA au Sénégal, où le Test National pour Enseigner le Français (TNEF) a permis de positionner les enseignants en fonction de leur niveau (infra B1, B1, B2 et C1) et de cibler 1000 enseignants pour une formation intensive.


Améliorer la formation

Il ressort également de ce guide que le numérique permet d’améliorer la formation en soi. Que ce soit par des contenus simples comme des vidéos où les enseignants se mettent en situation (projet TSLA au Rwanda), ou bien par des dispositifs plus interactifs (Chalkboard Education au Ghana) avec des exercices associés. Ainsi, les contenus de formation sont enrichis par le numérique. Ils présentent également l’avantage, une fois créés, d’être facilement partagés et mutualisés. 

L’aspect présentiel des formations reste crucial pour engager la motivation et assurer le sentiment d’appartenance des enseignants. La partie numérique, elle, permet d’assurer à coûts réduits un ensemble de services et de contenus complémentaires dont le principal attrait est d’être accessible à distance, quand les enseignants sont sur le terrain. Ainsi, la majorité des projets recensés sont de forme hybride où la formation à distance est animée par des rencontres ponctuelles en présentiel.


Accompagner les enseignants

Parmi les 16 projets analysés, de nouvelles formes de formations, plus diffuses, plus personnalisées, se dégagent. A titre d’exemple, la constitution de communautés d’enseignants (FHI 360, IF Profs) permet des échanges entre pairs, la formation vient se mêler avec des dispositifs d’animation, d’assistance. La verticalité des formations traditionnelles s’efface au profit de relations plus transversales. Autre exemple, l’envoi fréquent de SMS (messages de motivation, conseils, etc.) personnalisés en fonction du destinataire. Cette pratique a pu être observée dans les projets PRIMR au Kenya et EGRA au Malawi. Un algorithme permet d’adapter les messages envoyés à l’apprenant et de s’adapter au fil de l’évolution de l’enseignant. De son côté, le projet Chalkboard Education a mis en place un centre d’appel qui se met en relation avec l’apprenant si l’algorithme détecte que l’apprenant a du mal à répondre à un exercice ou à avancer dans son apprentissage.


Valoriser le corps enseignant

D’autres expérimentations montrent enfin que le numérique permet de valoriser les enseignants, notamment en milieu rural, en leur offrant des formations continues qui mènent à des certifications et/ou à une évolution professionnelle. Au Burundi, 94,3% des 2360 instituteurs inscrits à la formation IFADEM, qui est une formation hybride, ont reçu une certification et ont bénéficié d’une reconnaissance professionnelle sous la forme d’un avancement sur la grille de la fonction publique. 

L’analyse de ces projets met ainsi en évidence le fait que le numérique apporte non seulement des solutions pour améliorer les dispositifs de formation initiale, mais il permet surtout de diversifier les outils d’accompagnement tout au long de la carrière d’enseignant, du recrutement à la formation continue. 


Trois recommandations pour atteindre les objectifs 2030

  • Réaliser des plans de développement des dispositifs de formation des enseignants par le numérique adaptés aux objectifs 2030
  • Financer des projets de formation d’enseignants à large échelle qui reposent en partie         sur le numérique et démontrent la capacité à améliorer la qualité de l’éducation
  • Continuer d’impulser de l’innovation sur des facteurs clés de performance

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