Liens Nouvelle Série, Revue francophone : une revue scientifique pour rendre la recherche africaine francophone visible 

“LIENS” est une revue pédagogique éditée par la Faculté des Sciences et Technologies de l’Education et de la Formation de l’Université Cheikh Anta Diop, à Dakar. Afin de connaître les évolutions et les perspectives de la revue, APPRENDRE est parti à la rencontre de son rédacteur en chef, le Professeur Ousseynou Thiam. Témoin et acteur du développement de la recherche en éducation en Afrique, il plaide pour un meilleur accompagnement financier et méthodologique des revues pédagogiques. Rappelant que le comité de la rédaction aide les contributeurs à parfaire leurs articles, il souligne également les besoins de formation d’initiation à l’écriture d’articles scientifiques.


Est-ce que vous pouvez vous présenter ? 

Ousseynou Thiam: Je suis docteur en sciences de l’éducation. A côté de mes activités autour de “LIENS”, en tant que directeur de revue, je suis également chef de département de psychopédagogie. Mes activités de recherche tournent autour de l’enseignement du français, de l’apprentissage du français, autour des apprenants, autour de la didactique, et autour du français langue seconde. Mes activités d’enseignement tournent également autour de l’apprenant, de sa relation avec la langue, de la communication pédagogique et de la gestion de classe.  


D’où vous est venue l’idée de lancer la revue ? 

En fait je n’ai pas lancé la revue, mais on me l’a confiée. La revue est une entité de l’Ecole normale supérieure (ENS). C’est un cadre où les chercheurs peuvent produire et publier des articles. Je dis bien “peuvent produire” car à côté il y a des activités de formation.  

J’étais directeur adjoint depuis 2007. J’ai travaillé aux côtés de Madame Harisoa Tiana, qui était directrice, et c’est quand elle est partie à la retraite en 2018 qu’on m’a confié la direction. Alors ça m’a passionné parce que je suis un formé de l’école d’Aix-Marseille (France), en Provence, et donc j’ai déjà fait beaucoup d’activités de recherche avec ma directrice de thèse, Madame Fatima Chnane-Davin, qui s’intéresse également aux immigrés, aux apprentissages. Ils développent pas mal la recherche autour de cela et je me suis dit que c’était une belle occasion de permettre à l’ENS de confronter et de croiser les manières de faire pour améliorer les pratiques. C’est ainsi que j’ai accepté avec plaisir de diriger la revue et effectivement de faire en sorte que la revue entre dans un cercle de qualité qui permettrait à la recherche africaine d’être visible. 


Est-ce que vous avez insufflé une nouvelle ligne éditoriale ? Quelle est l’approche que vous suivez ? 

Quand Madame Harisoa Tiana avait la revue et que je travaillais avec elle, nous avions déjà pu opérer des changements ; déjà dans l’organisation typographique de la revue, dans la relation avec les chercheurs, également dans l’orientation de la recherche. Nous avions dit par exemple qu’il fallait changer de couverture et que celle-ci devait plutôt refléter l’ENS, la FASTEF, et du coup nous avons changé la couverture. Nous avons également changé, en termes de présentation, l’avant-propos. Dans la relation avec les chercheurs, nous avions également introduit une participation financière, parce que la revue était pratiquement à terre. Nous avions une pile de documents à imprimer et nous devions fournir aux auteurs leurs exemplaires. L’ENS ne finançant plus cette recherche, il fallait trouver une source. Nous leur avions demandé vingt mille francs comme contribution, et nous nous sommes inspirés également de ce qui s’est fait un peu dans la sous-région. La plupart des revues demandent une contribution pour tenir, parce que malheureusement, le système est fait comme ça, en dehors du soutien de l’AUF. C’est comme ça que nous arrivons à tenir.  


Il existe un format numérique et un format papier. 

Oui, nous devons un exemplaire au format papier à chaque auteur. Il fallait l’imprimer, il fallait faire le colisage, et donc ça demandait un peu de sous. C’est comme ça que nous avons demandé cette contribution symbolique aux auteurs. Ceci, nous l’avons introduit en 2017, et cela a permis à la revue de souffler et de redevenir ce qu’elle a été il y a quelques années. 


D’où vient le nom “LIENS” ? 

Quand l’ENS a été créée, il fallait un instrument de liaison entre les formateurs et les formés qui sont sur le terrain. A l’époque, on l’appelait Dossiers pédagogiques documentaires, car elle permettait aux formés de trouver des éléments de complément de leur formation. Par la suite, ils ont changé le titre. Ils ont choisi le terme “Liens” car il s’agit de lier. Puis, en 98, nous avons un peu changé le titre, nous avons mis “LIENS nouvelle série”. D’abord nous avons dit “Revue internationale francophone” puis nous avons pensé qu’il fallait d’abord mettre “francophone” avant “internationale”. 

Le terme “LIENS” dit justement “liaison entre le monde universitaire et le monde professionnel autour de l’éducation”. 


A qui s’adresse la revue ? 

Avant de répondre à votre question, je dois dire que “LIENS” reçoit beaucoup d’offres de publication qui ne sont pas seulement dans le domaine de l’éducation. Nous avons fait un tableau: ce n’est pas la revue qui va vers les chercheurs mais ce sont les chercheurs qui viennent vers la revue car “LIENS” a pu gagner leur confiance, et au niveau du CAMES, “LIENS” est reconnu comme une “bonne revue”.  

Certains praticiens, c’est vrai, s’intéressent à la publication mais il faut reconnaître que c’est plus le chercheur en tant que tel qui vient vers “LIENS”. Pour ce qui est des praticiens, on ne peut pas savoir qui consulte la revue. Ils peuvent la consulter, mais la plupart du temps, nous avons rarement des articles de praticiens, à part ceux qui sont dans les ONG, ceux qui sont dans les Ministères. Mais pour les enseignants en tant que tels, rares sont ceux qui publient. La revue est donc plutôt pour les doctorants et les chercheurs. Les collègues qui sont au Ministère ou qui sont dans certains établissements de formation peuvent également publier.  
 


Sa zone d’intervention dépasse largement le cadre du Sénégal. Il y a pas mal de pays de la sous-région qui proposent des articles à publier et qui sont également des chercheurs et des doctorants. Il y a également quelques chercheurs en Europe qui nous envoient des articles. Au Canada aussi, de plus en plus. Dans ce groupe il y a des Sénégalais ou des Africains qui sont dans ces établissements-là. Il y a également des européens qui nous envoient des articles parce qu’ils s’intéressent à la recherche en Afrique sur des questions qui portent sur les réalités africaines, d’éducation africaine. Nous avons la même chose du côté du Canada où on a des chercheurs qui s’intéressent à la recherche africaine et qui veulent publier dans LIENS. 


Quels conseils donneriez-vous aux chercheurs qui voudraient publier dans la revue ? 

Le conseil serait d’abord qu’ils cherchent à savoir quelques vues et dans le domaine et dans la revue, parce que souvent je le dis tout de suite on reçoit des articles qui n’ont rien à voir avec la revue. C’est une revue spécialisée dans le domaine de l’éducation, des sciences de l’éducation, des sciences et technologies de l’éducation, donc déjà qu’ils cherchent à connaître la revue avant de proposer des choses. Également, qu’ils suivent le format de la revue parce que le format de la revue respecte encore les canons du CAMES. En même temps, c’est une forme de développement professionnel parce qu’ils vont apprendre à écrire, en lisant les documents produits par la revue, ce qui leur permettrait de se ranger dans les canons de la recherche scientifique. 


Quel est le lien entre la revue “LIENS” et APPRENDRE ? 

Nous avons connu une heureuse histoire. A un moment donné du développement de la revue, nous avions un projet, c’était d’amener la revue à être numérique, et c’est comme ça qu’on a contacté APPRENDRE, par l’intermédiaire de M. Dramé, qui a une bonne relation avec Mme Doukouré, responsable régional du programme, qui par sa générosité, a accepté de nous accompagner parce que le projet était bon et la vue était connue, mais il fallait l’améliorer du point de vue qualitatif. C’est comme cela que nous sommes rentrés en contact avec APPRENDRE.  
 

Le programme a mis à notre disposition un spécialiste de la question, en l’occurrence, Daniel Peraya, qui nous a beaucoup aidé et accompagné, en termes de connaissance même du domaine, parce qu’il y a une formation parallèle, mais également en termes de production d’outils qui permet à la revue d’être relativement bien côté. C’est comme cela que nous avons bénéficié de ce soutien, et aujourd’hui, un séminaire a été organisé, et plusieurs rencontres avec l’expert pour mettre en place ces outils et améliorer qualitativement la revue, qui d’ailleurs a fait un projet d’intégration de l‘OpenEdition, pour mieux répondre à la demande parce que justement vous savez très bien, je donne un exemple : aujourd’hui le CAMES demande aux chercheurs d’avoir des articles qui sont publiés dans des revues qui ont des facteurs d’impact. Nous avons donc pensé qu’il fallait trouver un espace numérique qui nous permettait de répondre à ce besoin. Heureusement, toute la documentation a été produite, et nous avons fait la demande. Nous attendons la réponse d’OpenEdition, qui a accusé réception de notre demande. Voilà où nous en sommes en ce moment, pour vous dire effectivement tout le travail qui a été abattu par la revue “LIENS”, afin qu’elle soit réellement ce qu’on attend d’une bonne revue au niveau national et international. 


Quelles sont les thématiques de la prochaine édition ? 

La revue a fait le choix de laisser les thématiques ouvertes, donc on reçoit des projets autour de l’éducation, autour des sciences de l’éducation et des sciences de technologies liées à l’éducation. Mais, avec Daniel Peraya, nous avons pris la décision, parce que justement c’était surtout l’intérêt du projet, de faire tous les deux ans un numéro thématique. 

C’est à partir du mois d’avril que normalement ce numéro sera lancé. A présent je ne peux pas vous dire exactement sur quel thème cela va porter, parce que nous n’avons pas encore contacté de coordinateur, mais nous y réfléchissons. Nous aurons sûrement les coordinateurs au mois d’avril, et à ce moment-là nous pourrons partager la thématique de l’appel à contribution pour ce numéro spécial.  
 

Mais nous recevons pas mal d’articles autour de l’éducation, du point de vue des contenus, du point de vue de la classe, des apprenants, du point de vue des enseignants, de l’évaluation, de la formation et disons surtout de la planification. 


Quelles sont les thématiques qui reviennent très souvent ? 

Récemment, la tendance porte surtout sur le numérique éducatif. En ce moment nous avons beaucoup d’articles sur le numérique didactique qui s’explique certainement par le COVID et toutes les activités qui ont été menées. Les gens sont en train de réfléchir sur cela, mais n’empêche que la formation occupe également une grande place. La formation des enseignants, et puis un peu l’évaluation. 


Merci au Doyen de la FASTEF, aux collaborateurs et aux auteurs de la revue.
 
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