Peu documentée dans les pays à faibles ressources économiques, la transition école/collège est pourtant une thématique à forts enjeux. Une affirmation étayée par Pr. Djénabou Baldé, lors de sa visite dans les bureaux d’APPRENDRE à Paris, le 12 octobre 2022. C’est en qualité de chef de projet que Pr. Baldé est revenue sur la genèse et la méthodologie d’une étude portant sur l’articulation école/collège au Burkina Faso et en Guinée. La présentation a été enrichie par les interventions de deux autres membres de l’équipe : Dr. Véronique Attias-Delattre, également présente, et Alain Joseph Sissao, qui a pris part à la réunion depuis le Burkina Faso. Des analyses commentées à distance par Jean-Pierre Chevalier, Vice-Président du conseil scientifique du programme.

Jérôme Bertheau, co-coordinateur d’APPRENDRE, aux côtés du Professeur Baldé et du Docteure Attias-Delattre. 


Si l’on trouve de nombreuses références au passage du primaire au secondaire dans la littérature scientifique anglo-saxonne et française, peu de recherches africaines se focalisant sur cette problématique ont été menées. Afin d’inverser la tendance, APPRENDRE a lancé en avril 2019 un appel à projets de recherche en éducation sur la liaison école/collège en Afrique francophone. 

Parmi les 9 projets retenus, l’étude “Articulation école/collège par l’analyse des dispositifs organisationnels et pédagogiques mis en œuvre au Burkina Faso et en Guinée”, portée par Pr.Djénabou Baldé (ISSEG, Guinée). 
 

De par des contextes économiques et éducatifs similaires, le Burkina Faso et la Guinée partagent de nombreuses caractéristiques. Décryptage de la situation avec l’équipe de recherche. 



Un fort taux d’échec et/ou d’abandon d’élèves entre le primaire et le collège/post-primaire  


Au Burkina Faso, les politiques de la gratuité scolaire, effectivement en œuvre au primaire, facilitent l’achèvement dans ce cycle. Malgré les incitations formelles à la poursuite d’études, un goulot d’étranglement entre le primaire et le post-primaire est aujourd’hui encore effectif : 43% des élèves admis au CEP ne sont pas admis en classe de 6e.  
 

En Guinée, le taux de transition école/collège est de 53%.


Des disparités très visibles entre les régions mais aussi entre les filles et les garçons 


L’équipe souligne de grandes disparités entre les régions en matière d’offre scolaire, notamment en termes d’infrastructures scolaires, d’enseignants disponibles, et d’effectifs d’élèves. 
 

A noter également que le taux d’échec et/ou d’abandon des élèves restent élevés surtout au niveau des filles. Selon la Banque mondiale, le taux d’achèvement de l’école primaire s’élève à 59,3% pour les filles et 77,3% pour les garçons en Guinée ; et celui de la scolarité fondamentale au Burkina Faso est de 64,9 % pour les filles et 56% pour les garçons.


L’impérativité de disposer de systèmes plus efficaces et plus efficients en vue de réduire les redoublements et les abandons 


Tandis que la Guinée ne dispose pas de politique appropriée pour réduire les redoublements et les abandons, le Burkina Faso peine à l’expérimenter. 

Selon l’équipe de recherche, ce sont donc des dispositifs informels ou locaux qui permettent à cette transition de se réaliser dans trop de rupture, en particulier pour les filles. Dans les deux pays, il existe en effet peu de dispositifs organisationnels et pédagogiques pour assurer la transition école/collège et ce, pour tous les principaux acteurs (chefs d’établissement, enseignants, parents, enfants). 
 

Face à ce constat, l’équipe a cherché à comprendre dans quelle mesure les pratiques formelles et informelles, organisationnelles et pédagogiques, facilitent ou freinent l’articulation primaire/secondaire. 


Méthodologie adoptée 


Les outils d’enquête qui ont été retenus sont des entretiens, et des focus groups. 

Parmi les personnes interrogées : des représentants des autorités éducatives, des chefs d’établissement, des professeurs de collèges, des enseignants des écoles primaires, ainsi que des parents d’élèves. 
 

Les focus groups ont dans un premier temps mobilisé des enseignants de la classe de 6ème/7ème du collège, ainsi que des représentants d’associations de parents d’élèves. Dans un second temps, les focus groups ont aussi concerné des professeurs du post primaire, des élèves du primaire et du secondaire, et des élèves de la 6ème/7ème pour le recueil de leurs récits de vie sur leur transition. 

4 régions ont été sélectionnées par pays afin de refléter la diversité des situations éducatives. Les choix des membres de l’équipe se sont en effet portés sur des régions où l’on trouve un fort taux de transition école/collège, en particulier chez les filles, et a contrario, des régions où ce taux est faible.  
 

Au Burkina Faso, les enquêtes ont été menées dans le Plateau Central, dans le Centre Ouest, dans les Hauts Bassins et dans le Centre ; tandis qu’en Guinée, elles se sont déroulées dans les régions de Conakry, de Kindia, de Mamou et de Labé. 

Les résultats et les analyses qui découlent de ces enquêtes seront bientôt publiés dans le rapport final de l’équipe. Celle-ci a toutefois relevé six propositions de recherche : 


  • Le continuum éducatif, tel qu’il est décrit et /ou projeté par les systèmes éducatifs permettrait d’améliorer le transfert de l’éducation primaire à l’enseignement post-primaire (premier cycle du secondaire) ;

  • Les passerelles initiées ou en projet entre l’école et l’enseignement technique professionnel et/ou spécialisé secondaire pourraient permettre de réduire le taux d’abandon scolaire ;

  • Le continuum éducatif au niveau pédagogique serait porté principalement par les professeurs du premier cycle du secondaire ;

  • La culture exclusive des enseignants du secondaire, souvent orientée sur une discipline, viendrait en écho aux difficultés vécues par les élèves dans cette transition ;

  • Parmi les enseignants du secondaire, les professeurs principaux ont un statut particulier ; toutefois ils ne sembleraient pas exercer les rôles de gestion intermédiaire qui pourraient être attendus d’eux par les chefs d’établissements, les enseignants, les parents et les élèves ;

  • Les élèves n’auraient pas de projection individuelle du rôle de leur vécu à l’école et au collège dans leur vie future. 

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