Le Burundi repense ses manuels scolaires avec l’appui du programme APPRENDRE

L’atelier, animé par Mireille Lamouroux, Jean-Louis Durpaire, a débuté par une mise en contexte de la formation, permettant aux participants de s’accorder sur une vision commune du manuel scolaire et de ses processus d’élaboration.
Les concepteurs ont ensuite entrepris une analyse des manuels existants du cycle 4. Il s’agissait de distinguer les aspects efficaces de ceux nécessitant une amélioration, qu’il s’agisse de la présentation des chapitres, de la qualité des visuels ou de la mise à jour des contenus. Une grille de 10 critères d’amélioration des manuels a servi de boussole pour guider ces travaux.
Ces critères visent à :
- Stimuler la créativité et l’innovation des élèves en proposant des questions ouvertes, des problèmes à solutions multiples et des tâches de production.
- Développer des méthodes actives via des activités participatives, coopératives (travaux de groupe, débats) et des apprentissages par problèmes ou projets.
- Cultiver l’esprit critique en enseignant l’évaluation des sources, la distinction entre faits et opinions, et la justification des points de vue.
- Favoriser la réflexion métacognitive et l’autonomie grâce à des aides méthodologiques (résumés, cartes mentales) et des outils de vérification des apprentissages.
- Enrichir les compétences culturelles et pluriculturelles par la diversité des références, la réflexion sur sa propre culture et l’ouverture à la citoyenneté mondiale.
- Optimiser la place de l’évaluation en diversifiant les types (formative, auto-évaluation), en rendant les critères explicites et en fournissant des retours constructifs.
- Intégrer les « éducations à… » (paix, environnement, santé) de manière transversale dans les contenus.
- Promouvoir l’interdisciplinarité en reliant les notions entre différentes matières.
- Améliorer le statut de l’image pour qu’elle enrichisse le texte, encourage l’interprétation et permette l’étude des stéréotypes.
- Assurer la mise à jour des contenus pour garantir leur pertinence scientifique, l’intégration des enjeux contemporains (climat, IA) et l’actualisation des données.
L’innovation a également été au cœur des discussions, avec l’exploration du potentiel de l’intelligence artificielle générative comme levier pour accélérer la production de ressources pédagogiques. Cette session a permis de comprendre les possibilités offertes par cet outil, qui pourrait transformer les méthodes de travail des concepteurs. Cliquez ici pour accéder à la présentation de Mireille Lamouroux sur l’intelligence artificielle générative et ses applications concrètes dans le domaine de l’éducation.
La dernière phase de la formation a permis de définir la feuille de route pour l’intersession de six semaines (du 21 juin au 3 août 2025), durant laquelle les concepteurs mettront en pratique les acquis de la formation pour proposer des corrections et améliorations concrètes. La prochaine session, prévue du 4 au 8 août 2025, viendra consolider ces avancées et approfondir l’expertise en évaluation des ressources pédagogiques.




L’expérience de la CONFEMEN et de l’UNESCO : Une évaluation comparative essentielle
La formation a également rappelé l’importante démarche engagée en 2024 par la CONFEMEN et l’UNESCO, avec le soutien de l’AFD, pour évaluer la qualité des manuels scolaires dans six pays d’Afrique francophone : le Bénin, le Burundi, Madagascar, le Niger, le Sénégal et le Togo. Ce vaste projet a analysé les manuels du primaire et du premier cycle du secondaire en mathématiques, langues et sciences, en utilisant une grille d’analyse commune adaptée aux contextes nationaux.
L’évaluation a porté sur trois dimensions clés :
- Éditoriale, technique et ancrage socioculturel (couverture, illustrations, mise en page, impression).
- Pédagogique (adéquation au curriculum, facilitateurs, développement de l’autonomie de l’élève, évaluation des acquis, contribution aux valeurs).
- Didactique (contenus disciplinaires, démarche et progression des apprentissages, types d’activités, supports et exploitation didactique).
Cette étude a identifié des points forts, notamment l’effort de contextualisation dans certains pays et une qualité technique croissante. Cependant, des points à améliorer ont également été relevés, concernant le développement de l’autonomie des élèves, l’évaluation de leurs acquis, la contribution au développement des valeurs, ainsi que l’insuffisance d’activités autour de mini-projets et de l’interdisciplinarité.
💡 À savoir
Au Burundi, le système éducatif a été réformé en 2013 avec l’introduction de l’Enseignement Fondamental, qui dure 9 ans.
Voici comment cela se décompose :
- Enseignement Fondamental (9 ans) : Ce cycle complet d’éducation de base est scindé en quatre cycles distincts.
- Cycles 1, 2 et 3 : Chacun de ces cycles dure deux ans (soit les 6 premières années qui recouvrent l’ancien enseignement primaire).
- Cycle 4 : Ce dernier cycle de l’enseignement fondamental dure trois ans et comprend la 7e, la 8e et la 9e année.