Porteur de projet : Amévor Amouzou-Glikpa
Établissement(s) partenaire(s) : Université de Lomé
Statut : Terminé
Rapport final : Télécharger le PDF

Menée au Togo, cette recherche-action explore l’hypothèse selon laquelle l’initiation aux techniques de pédagogie active (TPA) dès les premiers stages d’immersion professionnelle influence positivement le maintien dans le métier des enseignants.


1. Contexte et enjeux

Le contexte de l’étude s’inscrit dans un cadre plus large de la politique enseignante en Afrique, caractérisée par une massification de l’éducation et un fort taux d’attrition des enseignants. Au Togo, la situation est particulièrement complexe : la formation initiale des enseignants a été suspendue pour un certain temps, conduisant au recrutement massif de « volontaires » (EV), qui sont ensuite devenus des enseignants fonctionnaires nouvellement recrutés (EFNR), directement affectés en classe sans préparation formelle. Bien que cette formation ait redémarré en 2022-2023, son arrivée tardive a contraint l’étude à se concentrer sur cet échantillon d’enseignants directement mis sur le terrain.

Le principal enjeu est donc d’analyser les conditions d’entrée et de maintien en poste de ces EFNR. L’étude cherche à déterminer comment, malgré l’absence de formation initiale, un accompagnement spécifique peut les aider à surmonter les défis des classes pléthoriques et à développer leur motivation intrinsèque pour rester dans le métier.


2. Objectifs de la recherche

L’objectif principal était d’étudier si l’implication des enseignants stagiaires dans des collectifs apprenants, pilotant des innovations pédagogiques (comme les TPA), pouvait développer leur motivation intrinsèque. Cette motivation est définie par quatre facteurs : l’autonomie, la maîtrise de leur parcours, la finalité globale et la mise en relation avec leurs pairs. L’hypothèse était que cette implication favoriserait une satisfaction professionnelle et un engagement durable.

Face à la contrainte du contexte togolais, le projet a été réorienté pour cibler les EFNR au Togo et pour examiner si une intervention de recherche-action pouvait compenser ce manque de formation, en comparant deux groupes : l’un mis en contact avec des innovations et l’autre non, tout en bénéficiant du même suivi.


3. Méthodologie

La méthodologie de l’étude a été contrainte par le contexte togolais. L’équipe a mobilisé un échantillon d’enseignants fonctionnaires nouvellement recrutés (EFNR) qui n’ont pas bénéficié de formation initiale. Une configuration en recherche-action a été mise en place avec deux groupes :

  • Un groupe expérimental mis en contact avec les Techniques de Pédagogie Active (TPA).
  • Un groupe témoin en contact avec une organisation de classe plus classique.

Pour documenter l’effet sur la motivation intrinsèque, l’étude a utilisé des outils de collecte de données pour mesurer les quatre déterminants de la motivation. Les données ont été recueillies à travers des sessions de regroupement et des écrits professionnels, qui ont servi de base à des analyses de pratiques professionnelles. L’étude a donc adopté une approche qualitative pour comprendre en profondeur les parcours des enseignants.


4. Résultats majeurs

L’étude a révélé des résultats importants sur les conditions d’entrée dans le métier :

  • L’hypothèse principale n’a pas été totalement démontrée. Le contact avec les innovations, bien qu’intéressant pour les enseignants, n’a pas suffi à lui seul à développer leur autonomie, en raison d’un manque de suivi et d’expérimentation concrète.
  • Une perception ambiguë des enseignants sur leurs marges de manœuvre a été notée, mais le contact avec les innovations a tout de même influencé positivement cette perception.
  • L’absence d’un accompagnement de proximité et la non-expérimentation des innovations en classe ont généré un impact modéré sur la satisfaction professionnelle des enseignants.
  • L’étude a identifié que le métier génère un stress professionnel qui n’est pas pris en charge par les dispositifs d’accompagnement actuels, et qui se manifeste différemment selon le milieu (urbain vs rural).

Ces constats ont conduit à la formulation de recommandations pour des chantiers de travail visant à densifier la supervision et à développer des espaces d’analyse de pratiques.


5. Conclusion et perspectives

L’étude conclut que la simple mise en contact avec des innovations ne suffit pas à développer la motivation intrinsèque des enseignants et à les maintenir dans le métier. Un accompagnement soutenu, de proximité et dans la durée est indispensable pour que les EFNR puissent surmonter les réalités difficiles du terrain.

Les perspectives s’articulent autour de l’idée de « problèmes résistants » (wicked problems) qui nécessitent une approche expérimentale. Les recommandations pour le Ministère de l’Éducation du Togo sont claires :

  • Chantier N°1 : Densifier la supervision des enseignants en se concentrant sur le « faire ensemble », avec une présence accrue sur le terrain.
  • Chantier N°2 : Développer des espaces d’analyses de pratiques centrés sur des expérimentations concrètes.
  • Chantier N°3 : Prendre en compte les réalités des terrains d’affectation dans le cadre d’une gestion différenciée des ressources humaines.

Ces recommandations constituent une feuille de route pour de futures recherches-actions visant à accompagner les enseignants au Togo.

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