Contribution à l’identification des compétences prioritaires et des processus d’accompagnement efficaces pour l’exercice du métier des enseignantes et enseignants de l’enseignement primaire
1. Contexte et enjeux
Depuis 2018, le gouvernement béninois a instauré un dispositif d’« aspirants au métier d’enseignant » afin de répondre au déficit criant en enseignants du primaire. Cette politique vise à pallier les effets de la fermeture prolongée des Écoles Normales d’Instituteurs (ENI) après le PAS de 1989, qui a laissé un manque persistant de professionnels qualifiés. Cependant, les évaluations nationales et internationales (PASEC 2014, 2019) soulignent une faiblesse des compétences des élèves, reflétant les limites de la formation initiale et continue des enseignants. La qualification et la professionnalisation des instituteurs constituent donc un enjeu majeur pour la qualité de l’éducation et la stabilité du corps enseignant.
2. Objectifs de la recherche
L’étude visait à identifier les compétences prioritaires à développer et les mécanismes d’accompagnement nécessaires pour assurer l’entrée et le maintien des enseignants du primaire dans le métier. Elle cherchait également à proposer des pistes d’amélioration des dispositifs de formation initiale et continue, en s’appuyant sur les besoins réels du terrain et les standards internationaux.
3. Méthodologie
La recherche a adopté une démarche mixte, mobilisant à la fois des données qualitatives et quantitatives recueillies à travers questionnaires, entretiens, observations et analyses documentaires. Douze enquêteurs ont utilisé sept outils de collecte auprès de 24 chefs de circonscription scolaire, 48 conseillers pédagogiques, 72 directeurs, 144 enseignants, ainsi que 19 responsables au niveau central. L’analyse a combiné une approche descriptive et réflexive, permettant d’identifier les lacunes et attentes exprimées par les acteurs éducatifs.
4. Résultats majeurs
Les résultats révèlent que les enseignants aspirants et en poste présentent des profils variés, souvent marqués par une entrée facilitée dans le métier mais sans garantie de compétences adaptées. Les acteurs interrogés estiment nécessaire de rendre les modalités d’admission plus sélectives et de renforcer la qualité des formations dans les ENI et EPFI. La formation continue apparaît comme un levier essentiel pour combler les lacunes professionnelles, améliorer la performance pédagogique et renforcer la motivation des enseignants. L’étude met en évidence des besoins en référentiel de compétences, en meilleure articulation entre formation initiale et continue, et en mesures d’accompagnement pour améliorer les conditions d’exercice et la stabilité dans le métier.
5. Conclusion et perspectives
Cette recherche met en lumière l’urgence de professionnaliser et de valoriser le métier d’enseignant au Bénin. Elle propose la construction d’un référentiel de compétences, l’amélioration des dispositifs de formation, ainsi que la mise en place de mesures d’accompagnement adaptées pour renforcer la rétention. Dans le contexte actuel de réformes éducatives, les résultats de l’étude offrent des pistes concrètes pour orienter la restructuration des ENI, clarifier les profils de recrutement et soutenir le développement professionnel des enseignants. À moyen terme, ces recommandations pourraient contribuer à la qualité de l’éducation de base et à la stabilisation du personnel enseignant.
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