Koumba Boly Barry est enseignante-chercheure et Présidente du Conseil scientifique du programme APPRENDRE (Appui à la professionnalisation des pratiques enseignantes et au développement des ressources) mis en œuvre par l’AUF avec l’appui de l’Agence Française de Développement (AFD). Mme Boly Barry est également Rapporteure spéciale des Nations Unies sur le droit à l’éducation depuis 2016 et a été ministre de l’Éducation nationale et de l’alphabétisation du Burkina Faso. Nous l’avons rencontrée.

Koumba Boly Barry © UNESCO

Quel est le principal objectif du programme APPRENDRE ?

La mission du programme est d’accompagner professionnellement les enseignants/tes pour l’amélioration de leurs pratiques de classe et de développer les ressources éducatives. APPRENDRE fait partie des leviers de réduction des inégalités sociales que le président français, Emmanuel Macron, a mis en avant pour 24 pays africains, auxquels s’ajoutent le Liban et Haïti, représentatifs de la diversité culturelle francophone.

En tant que présidente du Conseil scientifique du programme APPRENDRE, quelles sont vos missions ?

En tant que présidente, mes missions sont essentiellement de préparer et présider les sessions du Conseil scientifique, et aussi de contribuer au positionnement stratégique du Programme dans les sphères nationales ou transnationales. Il est aussi essentiel pour moi de veiller à la saine émulation, cohésion et motivation des experts et expertes dans un bon esprit d’équipe tout en respectant les procédures afin de contribuer à la qualité des apprentissages en Afrique.

À votre avis, quels sont les principaux enjeux et défis du programme APPRENDRE ?

L’enjeu du programme APPRENDRE est aussi politique dans le sens où il met en relation des chercheurs universitaires du Nord et du Sud dans un espace de dialogue fécond et porteur de germes de justice sociale et d’objectivité scientifique, malgré un héritage historique marqué par le complexe colonial, qui se caractérise par des représentations de supériorité ou d’infériorité.

Le plus grand défi est celui de l’élargissement du Programme, qui ambitionne de couvrir 26 pays en 6 ans, tout en maintenant ses principes d’articulation et de collaboration entre experts du Sud et du Nord, son accompagnement avec une volonté de pérenniser les actions et de mise à l’échelle, et surtout sa dimension réflexive. Autre défi de taille : allier l’impératif temporel scientifique et géographique tout en respectant l’ADN du programme APPRENDRE qui est à l’écoute du terrain et responsabilise dans l’optique de créer des écosystèmes. En outre, le multilinguisme ou le bilinguisme français et langues africaines constituent aussi un défi pour le programme APPRENDRE qui doit se développer dans une relation féconde de valorisation égale des deux langues et non de bilinguisme soustractif.

©APPRENDRE-2019-Joannès Doglo

Quelles en sont les clés de succès ?

Les clés du succès de ce programme sont liées à la pertinence de la demande : la demande vient toujours du pays et est portée par le ministère en charge de l’éducation. De plus, le programme est peu procédurier, très réactif et opérationnel dès la validation des besoins dans une démarche de co-construction. D’autre atouts majeurs sont : la disponibilité des ressources financières grâce à l’Agence française de Développement (AFD), la capacité des experts et expertes internationaux et nationaux à contextualiser les besoins exprimés et les attentes des acteurs clés, les leçons tirées des expériences de recherche et de pratiques au Burkina Faso grâce au projet OPERA. Enfin, la rigueur scientifique des équipes de coordination et des membres du Conseil scientifique, de profils diversifiés, d’horizons culturel et géographique différents avec un respect de la parité hommes/femmes, constitue un gage de succès pour le programme.

Quel message souhaiteriez-vous adresser aux enseignant·e·s francophones ?

Je voudrais leur adresser un message de félicitations pour les résultats engrangés et les encourager à poursuivre avec enthousiasme les actions en faveur de la recherche et de l’éducation dans nos sociétés car ils et elles demeurent la conscience de cette humanité solidaire. Ils et elles ont entre leurs mains cette capacité à transformer notre monde de peur en un monde d’espoir.

Aussi, nous avons besoin de plus d’universitaires dans l’éducation préscolaire, dans le noyau pédagogique et sur des thématiques comme la qualité de l’éducation et l’importance d’inculquer des valeurs de paix, de solidarité, d’empathie, de respect et de reconnaissance de l’autre.

Koumba Boly Barry
Originaire du Burkina Faso, Mme Boly Barry est titulaire d’un doctorat en histoire économique à l’Université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (Sénégal). Elle est l’auteur de plusieurs publications sur l’éducation. Professeure invitée à l’Université de Nottingham (GB), à l’Université Georgetown (USA). Ancienne ministre de l’éducation nationale et de l‘alphabétisation au Burkina Faso, elle est depuis 2016 Rapporteure Spécial auprès des Nations-Unies sur le droit à l’éducation.

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