La revue en ligne FRANTICE lance un appel à contribution pour son numéro 21. Son projet éditorial, avec le soutien de l’AUF, repose sur la volonté de soutenir la production scientifique, notamment celle des jeunes chercheurs, sur l’usage des TIC dans tous les contextes éducatifs au Nord comme au Sud.

Contexte de l’appel


Toute éducation relève d’une éducation formelle au sens d’être intentionnelle, mais le scénario peut être différent selon les contextes. Une conception élargie de l’éducation intègre différents espaces sociaux de formation humaine. L’espace scolaire est marqué par la formalité, la régularité, la séquentialité mais lorsque la discontinuité, l’informalité et l’alternative caractérisent une action éducative, réalisée en dehors du système institutionnel dominant, on assiste à une reconfiguration de la forme. Coombs définit « toute activité éducative organisée en dehors du système d’éducation formelle établi, exercée séparément ou en tant qu’élément important d’une activité plus large » (Coombs, 1989), sous l’angle de l’éducation non formelle. 

Le terme, loin de faire consensus, se définit lui-même par la négation de la forme. Il porte en lui l’opposition par l’alternative pour différents publics que le droit à l’éducation n’atteint pas face à la forte déperdition scolaire et l’abandon, pour répondre aux besoins éducatifs de jeunes privés d’écoles ou exclus précocement ; une alternative ancrée dans le contexte culturel et local qui se saisit de la « particularité des situations et de la singularité des cas » (Gasse, 2014). 

Les espaces investis par l’éducation non formelle sont multiples. Ils se veulent complémentaires des espaces scolaires, additionnels ou de substitution, soit au sein des organisations de la société civile, des organisations non gouvernementales, qu’ils relèvent d’initiatives citoyennes, communautaires, des associations de quartiers, des médias, etc. La société civile, les ONG et les organisations communautaires investissent les espaces sociaux de formation lorsqu’ils sont désertés par les institutions éducatives, en tant que médiateurs, facilitateurs pour la communication, diffusion, sensibilisation et construction de savoirs, dans des démarches d’apprentissage informels ou non formels. Les notions d’espace et temps sont dès lors indissociables et répondent à davantage de flexibilité, d’occasionnalité, de spontanéité, de capacité d’adaptation, de créativité pour des activités d’instruction non structurées ou encore informelles (Evans, 1981), respectant l’Autre dans sa complexité, richesse, pluralité, dans son potentiel. Une espérance critique dans la capacité de l’être humain à transformer la situation dans laquelle il se trouve pour permettre et construire des transformations sociales émancipatrices (Freire, 2001 ; Gadotti, 2014). 

Le développement des technologies de l’information et de la communication a permis de créer de nouveaux espaces de connaissances appréhendés en différents lieux, hybridés, en rupture avec les temporalités classiques de l’enseignement et des apprentissages en présentiel (articulant temps synchrones et asynchrones, parfois de manière nomade).

Ces espaces humains et techniques de formation reconfigurent les formes d’éducation en de multiples opportunités d’apprentissage avec pour défi de tendre vers l’effectivité du droit à une éducation pour tous et de qualité. Ils invitent à recentrer le débat sur les liens entre les conceptions multiformes de l’éducation et le projet de société poursuivi. 

Dans cet esprit, nous interrogeons au sein de ce numéro les différents espaces sociaux de formation humaine et les conceptions multiformes d’éducation au sein des épistémologies du sud (Sousa Santos, 2011). La contribution du sociologue Boaventura de Sousa Santos vise à agir sur les possibilités (potentialités) et sur les capacités (puissances). « Il s’agit ainsi d’accroître symboliquement l’importance des connaissances, des pratiques et des acteurs en vue d’identifier les tendances du futur, sur lesquelles il est possible d’augmenter la possibilité d’espérance contre la probabilité de frustration » (Landemaine, 2018). 


3 axes d’entrée


Les contributions peuvent s’articuler à partir de 3 axes d’entrée :

Axe 1 – Dépolariser l’éducation formelle (lieu par excellence du savoir et des apprentissages, de l’acquisition des compétences) et non formelle (intentionnelle, flexible, non structurée) en témoignant de projets ou initiatives complémentaires, compensatoires et/ou additionnelles qui investissent différents espaces et temporalités par le jeu d’acteurs multiples en partenariat ou en réseau. 

Axe 2 – Le rôle que peuvent jouer les technologies de l’information et de la communication dans cette ouverture des possibles en matière d’éducation et de formation dans et hors l’école, en tant que créateurs de nouveaux espaces de connaissance, de nouvelles interactions, d’accessibilité à une éducation pour tous.

Axe 3 – Les dynamiques locales et réappropriation par les territoires en contexte décentralisé des enjeux éducatifs : une lecture intégrative du territoire qui favorise une dynamique participative, une gouvernance locale qui s’inscrit dans la formalisation des actions socio-éducatives (institutions, tutelles déconcentrées en appui, gouvernance locale et communautaire, ONG et organisations de la société civile) à travers les enjeux sociétaux et défis majeurs à relever en matière d’ODD (Objectifs de développement durable).


Modalités


Les auteurs et autrices qui souhaitent proposer un article à la revue sont invités à soumettre leurs propositions pour le 30 mars 2023 au plus tard, aux adresses suivantes:

  • Stéphanie Gasse :  stephanie.gasse@univ-rouen.fr
  • Jacques Béziat : jacques.beziat@unicaen.fr

Pour toutes informations complémentaires, veuillez contacter directement Stéphanie Grasse ou Jacques Béziat.



Références

Coombs P. (1989). La crise mondiale de l’éducation. Bruxelles : De Boeck.

Freire, Paulo. (2001). Pedagogia do oprimido. 31. ed. Rio de Janeiro: Paz e Terra, 2001. 184 p. 

Gadotti, M. (ed). (2014) : Alfabetizar e Conscientizar – Paulo Freire, 50 anos de Angicos, São Paulo, Instituto Paulo Freire. 

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